Beseya Blon : l’engagement envers la santé, l’hygiène et la force collective
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Bolo Kele tesseka bele ta ̶ Un doigt ne peut pas soulever un caillou.
L’hygiène est assurément une responsabilité commune. Elle requiert à la fois un engagement individuel et une action collective. Pourtant, aux quatre coins du globe, elle est souvent insuffisante là où elle est pourtant cruciale.
Près d’un établissement de santé sur dix dans le monde, touchant 722 millions de personnes, ne possède pas de services d’hygiène de base1 . Dans les zones rurales du Mali, où seulement 30 % des établissements de santé ont des stations de lavage de mains et des toilettes avec de l’eau et du savon2 , l’absence des services de base accroît le risque d’infections, menace la santé des nouveau-nés et de leur mère, et compromet les efforts de prévention des épidémies.
Depuis près de dix ans, One Drop et WaterAid œuvrent en partenariat avec des organismes locaux pour améliorer durablement l’accès à des services d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène (EAH) dans les districts de Kati et de Bla au Mali. Entre 2016 et 2019, le projet Ji Ni Beseya a amélioré durablement l’accès aux services d’EAH pour plus de 82 000 personnes. L’année suivante, le projet Beseya Blon a été lancé en misant sur une coordination et une optimisation accrues afin de promouvoir la mobilisation communautaire.
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Projet Ji Ni Beseya, 2018. Crédit: WaterAid/Basile Ouedraogo
Le projet Beseya Blon est arrivé à terme. L’heure est donc à l’examen de ses réalisations et des changements durables qu’il a suscités au sein des communautés.
Mesurer les répercussions : comment nous transformons la santé et l’hygiène
Beseya Blon a été lancé dans une ère marquée par des changements climatiques sans précédent, des transitions sociopolitiques et une pandémie mondiale. Il a donc été indispensable de s’adapter rapidement à de nouveaux défis pour obtenir des résultats durables. L’initiative a été déployée dans 12 communes rurales et touchait à la fois la communauté et les soins de santé. Elle a permis de renforcer les infrastructures et de mobiliser les membres de la communauté au moyen d’activités artistiques sociales novatrices.
Des progrès significatifs ont été réalisés quant aux installations d’EAH dans les établissements de santé et dans les communautés :
Pour Aminata, qui est infirmière et directrice technique du centre de santé communautaire de Touna, les changements apportés à son environnement de travail sont positifs. Désormais, elle peut effectuer des examens médicaux de jour comme de nuit. « Avec tous ces accomplissements, la population est saine et sauve grâce à un accès aux services d’EAH. Les visiteurs, les travailleurs et les patients, nous sommes tous protégés. »
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Aminata se lavant les mains au lavabo installé dans son bureau, au centre de santé de Touna. Crédit : WaterAid/Basile Ouedraogo
Tirer parti de l’art social pour le changement de comportement durable
Beseya Blon a pu voir le jour en raison de sa pierre angulaire, l’approche d’Art social pour le changement de comportementMC (SABC) de One Drop. Celle-ci permet d’impliquer les communautés par l’entremise d’expressions artistiques créatives, participatives et pertinentes sur le plan culturel. Principales activités :
Formation et mobilisation : 24 leaders du changement issus de 12 communes et de 16 cliniques de santé ont été formés pour apprendre des techniques artistiques.
Murales artistiques et communication visuelle : le personnel médical de 16 cliniques de soins de santé a peint des murales pour promouvoir le lavage des mains et l’hygiène.
Théâtre et dialogues communautaires : des spectacles interactifs et des contes ont suscité des discussions et des engagements en lien avec l’hygiène et l’assainissement. Les activités dirigées par la communauté, comme les dialogues et les audiences, ont renforcé l’acceptation sociale et l’adoption durable de comportements hygiéniques au fil du temps.
Au total, 331 activités d’art social ont eu lieu (dépassant l’objectif initial de 80). Les activités impliquaient des travailleurs de la santé, des patients, des artistes, des groupes de femmes, des leaders communautaires et plusieurs autres membres de la communauté. Au bout du compte, l’art social a transformé les campagnes de sensibilisation traditionnelles en expériences immersives et participatives. Les améliorations relatives à l’hygiène et à l’assainissement étaient donc plus compréhensibles, mémorables et durables pour les communautés.
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Sanata se lavant les mains dans la salle d'accouchement, au centre de santé communautaire de Touna. Crédit : WaterAid/ Basile Ouedraogo.
Grâce aux améliorations dans les infrastructures, aux initiatives de changement de comportement et à l’engagement de la communauté, Beseya Blon a largement dépassé ses objectifs de départ :
Leadership communautaire, gouvernance et autonomisation des femmes : fondations d’un développement durable
Beseya Blon a priorisé le renforcement de la gouvernance locale et le sens des responsabilités, en veillant à ce que les communautés aient des connaissances et des moyens pour maintenir durablement les améliorations relatives à l’EAH. Par exemple, la création de comités villageois pour l’eau potable et l’assainissement a exigé la participation de dirigeants locaux, en les dotant d’outils pour défendre leurs droits et assurer l’amélioration continue de la situation sanitaire. Les programmes de formation ont renforcé les capacités de neuf organisations de la société civile et de trois médias, ce qui a permis d'amplifier l'impact du projet et de favoriser l'appropriation à long terme par la communauté.
En reconnaissant le rôle crucial des femmes dans la gestion de l’eau potable et de l’assainissement, Beseya Blon a mis en œuvre des stratégies ciblées sur le genre et l’inclusion sociale. Seize coopératives de femmes ont été créées (bien au-delà de l’objectif original de cinq coopératives). Elles ont permis à 11 620 femmes de profiter d’une éducation financière et d’une formation en entrepreneuriat. Ces coopératives mènent désormais des activités rentables, et 5 % de leurs gains sont réinvestis dans la promotion de l’hygiène dans les cliniques de soins de santé communautaires.
S’appuyer sur l’héritage de Beseya Blon
En langue bambara, Beseya Blon signifie « le vestibule pour discuter et atteindre le seuil le plus élevé de l’hygiène ». À l’image de son nom, le projet a favorisé le dialogue ouvert, l’action collective et les solutions communautaires pour renforcer l’hygiène et la santé publique. Bien que Beseya Blon ait officiellement pris fin, les structures, les connaissances et les initiatives communautaires qu’il a encouragées restent actives. Son effet est assurément durable sur la santé et l’hygiène au Mali ainsi que dans toute la région du Sahel.
Alors que cette région est confrontée à des défis croissants en raison des changements climatiques, de la pénurie d’eau et de l’instabilité, l’accès aux services d’EAH de base est de plus en plus menacé. Grâce au projet SCOFI au Mali et au projet ESEPV au Burkina Faso, One Drop et ses partenaires continuent de renforcer la résilience des communautés et de codévelopper des solutions durables, garantissant des améliorations durables en matière d’eau potable, d’assainissement et d’hygiène, là où elles sont absolument cruciales.
Nous appelons les partenaires, les donateurs et les défenseurs à se joindre à nous pour accorder aux communautés du Sahel les ressources et les connaissances nécessaires pour garantir un avenir plus sain.
Ensemble vers un avenir sûr pour l’eau. Participez
1 OMS et UNICEF. Programme commun de surveillance (PCS). Progrès relatifs à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène (EAH) dans les établissements de santé. Mise à jour des données pour 2023.
2 OMS et UNICEF. Programme commun de surveillance (PCS). Progrès relatifs à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène (EAH) dans les établissements de santé. 2000-2021